dimanche 15 mai 2011

LA MORT- PARTIE 2 - RÔLE DE LA SPIRITUALITÉ- exemple des moines de Tibhirine dans le film « Des hommes et des Dieux »

Il y a 1 semaine, j'écrivais une première chronique qui portait sur la  mort. Elle s'intitulait : LA MORT - LE RÔLE DU RAISONNEMENT. Mais qu'arrive t'il lorsque le raisonnement ne marchera plus pour désarconner la peur de la mort, celle-ci étant devenue inévitable?Aujourd'hui, je vous entraîne sur le chemin de la spiritualité. Le film « Des hommes et des Dieux », si on est réceptif au message, peut servir de véhicule pour nous emmener sur une piste potentielle qui facilitera notre acceptation de la mort : la spiritualité.  
Des milliards de personnes sont mortes et mourront avant nous et avant moi, et la mort demeure et demeurera toujours un mystère. Certains des plus grands cerveaux de la planète y ont réfléchi. Toutes leurs réflexions et leurs conclusions nous sont disponibles. Pourtant, s’il y a une chose qui est personnelle, c’est la façon avec laquelle nous ferons face à notre propre mort, quelles que soient les conclusions des réflexions auxquelles sont arrivés les grands cerveaux. Ces conclusions pourront certes nous inspirer mais à la fin, c’est nous qui devrons confronter notre propre mort..
À l’instar de beaucoup de québécois de ma génération, j’ai non seulement rejeté le « bébé religieux », à l’adolescence, lors de la sortie du Québec de la « Grande Noirceur », mais j’ai aussi jeté par la fenêtre l’eau, le bain et même la salle de bain au complet! J’ai toujours eu des difficultés a bien recevoir et comprendre le contenu de l’enseignement religieux, entre autre parce que j’ai un problème de crédibilité avec les porteurs du message que sont les prêtres, étant toujours révolté par les nombreux paradoxes qu’entretient la hiérarchie de l’église catholique envers la société dans laquelle elle vit (rôle des femmes, avortement, homosexualité, dogmes de l’église, etc..). J’ai toujours eu et ai encore de la difficulté à faire la différence entre la spiritualité et la religion.
Pourtant, ma conjointe et moi sommes amis depuis plus de 20 ans avec deux religieuses dont la profondeur de la foi et de la spiritualité m’a toujours ébranlée et émue. Lorsque nous nous voyons, ou lors d’un repas en leur compagnie, une prière est récitée par nos deux amies. L’intensité avec laquelle elles prient, la concentration qui anime la récitation de chacun des  mots de ces prières, m’ébranlent à chaque fois. J’ai une confiance énorme dans ces messagères de la pensée spirituelle, mais pour une raison que j'ignore, malgré cette confiance, je demeure imperméable aux "ondes" spirituelles. Le mystère de la prière persiste : qu’est-ce qui fait qu’à un moment donné, on se laisse pénétrer par le message?
Il y a quelques semaines, j’ai été profondément marqué par un film que j’ai visionné avec ma conjointe et qui m’a emmené à envisager une voie de réflexion pour amadouer la spiritualité. Il s'agit  du magnifique film « Des hommes et des Dieux » du réalisateur français Xavier Beauvois. Y jouent entre autres les acteurs Michael Lonsdale et  Lambert Wilson. Ce film a gagné le premier prix du festival de Cannes en 2010. Nous l’avons tellement aimé que nous l’avons visionné une deuxième fois. Jamais ma conjointe et moi n’avons autant discuté d’un film. Le film  présente la réflexion des 9 moines qui vivent dans la petite communauté algérienne de Tibhirine, au moment des affrontements entre les troupes algériennes et les groupes terroristes, en 1996. Face à la montée du terrorisme dans leur région et face à la probabilité qu'ils peuvent aussi être massacrés, chacun d'entre eux doit donner une réponse à la question suivante: « Dois-je rester au monastère et continuer d'aider ma communauté et les villageois de Tiberhine, ou dois-je quitter?" Tous savent qu’ils sont une cible potentielle des terroristes et qu’ils ont une forte probabilité de se faire tuer. Le film raconte d’une façon magistrale et avec une cinématographie percutante comment tous ces moines en arrivent à la conclusion qu’ils doivent rester dans leur monastère et faire face à une mort potentielle. Le fil conducteur de cette réflexion est évidemment spirituel. C’est par la spiritualité que tous en arrivent finalement à accepter la possibilité qu'ils puissent mourir. Cette spiritualité est centrée sur leur rôle et leur amour pour cette communauté, dont ils sont en quelque sorte les protecteurs, et leur amour du Christ, dont ils prennent exemple, s’étant lui-même sacrifié il y a quelque 2000 ans pour "sauver" ceux qu'il aimait. Une des plus belles scènes de ce film nous rappelle "la dernière scène".  Lors de l’un des derniers repas, sur la musique du "Lac des Cygnes", la camera fait le tour des visages de chacun des moines. Après avoir été torturé par l’intensité de leur réflexion, chacun d'entre eux réalise qu'il est maintenant confortable avec l'idée qu'il peut mourir, car de façon rationnelle, ils ont tous pu faire le lien entre leur rôle sur terre et la conséquence de ce rôle qui peut être leur mort potentielle.
Ce film ne m'a pas converti! Mais il m'a profondément touché parce qu'il nous présente d'abord le mode de vie d'un groupe d'hommes intelligents qui ont choisi une vocation qui leur permet de vivre intensément leur spiritualité. Je ne peux faire autrement que de me poser la question : comment ces hommes en arrivent-ils à laisser leur profession et métier antérieur pour épouser cette vocation? On note dans le film l’absence de tous les symboles et de toutes les autorités présentes dans la hiérarchie de l’église catholique, les moines vivant très humblement dans leur monastère: le message est "pur"; on sent qu'il vient de la profondeur de l'esprit de chacun d'entre eux. Ceci facilite grandement notre propre réflexion face à leurs interrogations. Puis finalement, ces hommes prennent la décision de rester en utilisant la prière comme méthode de réflexion. Le mystère de la prière persiste pour moi, mais manifestement il a fonctionné pour ces hommes.
Je trouve donc rationnellement plus intéressant de commencer à trouver une signification à la mort par une explication à travers la spiritualité que d’attendre à la dernière minute ou tout simplement renoncer à réfléchir à la mort, qui est la fin de notre existence sur terre même si, à prime abord, la spiritualité va à l’encontre d’une vision rationnelle du monde. La partie scientifique et rationnelle de notre pensée va se heurter à l’approche spirituelle qui mène inévitablement à un concept inacceptable scientifiquement : la présence de Dieu. Je recevrais volontiers des suggestions de lecture pour approfondir ces notions.
A suivre…..

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