samedi 29 mars 2014

LA SANTÉ COMME PROMESSE ÉLECTORALE

À chaque campagne électorale, les partis politiques font des annonces dans le but d'améliorer le système de santé. Beaucoup d'argent est injecté dans le système, année après année. Au Canada, les dépenses totales en santé (dépenses privées et publiques) sont passées de $100 milliards à $200 milliards de 2000 à 2010, soit une augmentation de 100% des dépenses[1]. Cest presque 5,700$ par habitant. Pourtant, beaucoup de québécois nont pas encore accès à un médecin de famille, la durée moyenne des séjours à lurgence ne diminue pas et on attend encore beaucoup trop pour avoir accès à certaines chirurgies. Il ny a presque pas eu damélioration de la performance du système de santé au cours des 10 dernières années.
Chaque parti annonce que les québécois auront accès bientôt à un médecin de famille et on tente de faire des ajustements dans le système pour diminuer les files d'attente, autant à l'urgence que pour les chirurgies. En 2014, le gouvernement injectera $540 millions uniquement pour augmenter la rémunération des médecins et payer les nouveaux gradués. En 2012, la rémunération des 18,000 médecins du Québec totalisait $5,38milliards, soit $665 par habitant du Québec. Pourtant, les améliorations à laccès au système de santé sont infinitésimales depuis plusieurs années, malgré l'injection de milliards de dollars. Pire, plus on paye les médecins, moins ils travaillent. « Alors que les dépenses totales liées à la rémunération des médecins, la rémunération moyenne des médecins et le coût unitaire moyen par service ont tous trois connu une hausse très rapide, la quantité totale de services, le nombre moyen de services par personne et le nombre moyen de services par médecin pont soit stagné, soit décliné. »[2]
Chaque parti présente ses suggestions qui sont centrées sur des réorganisations la plupart du temps structurelles, plus de soins spécialisés, plus dhôpitaux et plus de dispensation privée. En médecine, pour appliquer le bon traitement, il faut faire un bon diagnostic.
Mon diagnostic à moi est brutal, fruit de plus de 35 ans dexpériences et de réflexions sur le système de santé. Tant que les médecins nauront pas de lien demploi avec le système de santé et tant que les médecins ne seront pas imputables de la façon dont ils utilisent les ressources mises à leur disposition par le système de santé, les gouvernements continueront dinjecter des milliards de dollars sans que des améliorations sensibles apparaissent.
Pourquoi ?
LES MÉDECINS ET LE SYSTÈME DE SANTÉ
Je voudrais ici rassurer le lecteur que la qualité des soins dispensés par la très grande majorité des médecins du Québec est excellente, mais contrairement à presque toutes les autres professions, ils nont pas de compte à rendre à personne car ils nont aucun lien demploi avec le système de santé. Les médecins québécois jouissent dune autonomie complète dans lorganisation de leur pratique. Ils sont des petites PME qui fonctionnent en marge du système de santé. Ils déterminent eux-mêmes leurs objectifs de pratique, leur charge et lorganisation de leur travail. Ils ne sont pas imputables de lutilisation des ressources quils prescrivent à leurs patients. Un exemple : le Dr Martin Juneau, directeur de la prévention à lInstitut de cardiologie de Montréal déclarait : « Les statines (médicaments prescrits pour diminuer le cholestérol dans le sang) représentent à elles seules près de 7 % des coûts en médicaments de la Régie de lassurance maladie du Québec, (213,6 millions $ sur 3 125,7 milliards en 2012). Or, environ 80 % des personnes qui en prennent ne devraient pas le faire. Une petite proportion de ces montants pourrait servir à soutenir la prévention. »[3].
Comme leur rémunération est à lacte, les médecins vont promouvoir une pratique qui favorise les actes les plus payants. Si cest plus payant de suivre et vacciner des bébés en bonne santé ou de faire de la clinique sans rendez-vous que de coordonner lapplication du plan de soins dune personne âgée porteuse de multiples pathologies afin de favoriser son maintien à domicile, le médecin va continuer à vacciner et à faire de la clinique sans rendez-vous, et transférer la personne âgée à lurgence si des problèmes surviennent. Est-ce que chaque québécois devrait avoir un médecin de famille attitré ? Je ne crois pas que ce soit nécessaire. Chaque québécois devrait avoir accès à une « équipe santé » qui peut être consultée lorsquil y a problème. La porte dentrée ne devrait pas être le médecin de famille, mais une infirmière clinicienne qui pourrait référer au médecin si nécessaire. Mais comment modifier un tel système sil est payant pour le médecin de voir chaque patient. Dans un système où la porte dentrée est linfirmière clinicienne, les cas plus compliqués seraient référés au médecin. On voit donc que le mode de rémunération actuel favorise une organisation du travail du médecin de famille qui donne préséance au visites annuelles, au contrôles rapides de maladie chroniques, au suivi de personnes en santé, ce qui ne favorisera jamais le travail en équipe.
Alors comment justifier investir des milliards de plus dans le système de santé si les personnes qui sont responsables de lutilisation de ces ressources nont aucun compte à rendre sauf à leurs clients, et ceux-ci ne peuvent pas, la plupart du temps, juger de la pertinence des ressources utilisées pour traiter leur problème de santé.
Imaginons une seconde que les Ingénieurs travaillant pour Hydro Québec soient des professionnels autonomes à lintérieur de lorganisation ?
Je ne crois pas quIl y aurait lieu de chambarder tout le système dun seul coup, mais il y aurait place, au Québec, pour des projets pilote de médecins qui seraient intéressés par un autre mode de rémunération et dorganisation de leur pratique.
CONCLUSION
Je fais la prédiction que si cet aspect fondamental de lorganisation des services de santé au Québec nest pas modifié, dans 10 ans, les dépenses de santé représenteront plus de 60% des dépenses du gouvernement, et il y aura autant de patients qui séjourneront à lurgence plus de 48 heures quaujourdhui.
Mais si on revient aux élections, je préfère l’équipe santé du Parti Québécois à celle du parti Libéral. Un médecin, une infirmière et une pharmacienne qui pourraient travailler ensemble (cest peut-être un rêve !), valent mieux que trois médecins, dont deux (Bolduc et  Barrette) qui ne peuvent se sentir et qui sont ensemble par la volonté du chef (je me questionne sur les raisons qui ont motivé le Dr Couillard de faire confiance au Dr Barrette voir une chronique précédente è ce sujet). Même si je sais que tout ce qui se fera améliorera le fonctionnement du système de façon infinitésimale, malgré linjection de centaines de millions de dollars.





[1] ISIS – Base de données sur les dépenses nationales de santé - 2013
[2]Fee increase and target income hypothesis : data from Quebec on physicians’compensation and service volumes » - Damien Contandriopoulos et Mélanie Perroux, Healthcare Policy, Vol9, no2, 2013
[3] « Les statines : une prescription pour manger mal » - Martin Juneau – ProfessionSanté.ca – 3 décembre 2013

vendredi 21 mars 2014

POURQUOI DIABLE LE DR COUILLARD A T'IL ACCEPTÉ LA CANDIDATURE DU DR BARRETTE DANS SON PARTI ?

POURQUOI DIABLE LE DR COUILLARD A T'IL ACCEPTÉ LA CANDIDATURE DU DR BARRETTE DANS SON PARTI ?

Le premier jour de la campagne électorale, le Dr Couillard a annoncé que le Dr Gaétan Barrette avait joint les rangs des libéraux et qu’il se présenterait contre Mme Fatima-Pépin dans La Pinière. Depuis cette annonce, j’ai peine à comprendre pourquoi ?  Je ne comprends toujours pas pourquoi, car le Dr Couillard n’a pas fourni de réponses.
Voici un homme qui accepte difficilement que les autres puissent avoir raison, qui les traite d’imbéciles, qui utilise l’intimidation comme outil de travail (on n’a qu’à écouter l’enregistrement téléphonique des conversations qu’il a eues avec le chef du département de radiologie de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, dans le cadre de la poursuite que lui et sa conjointe ont entamée envers les membres de son ancien département; le language est non seulement odieux, mais le ton est très intimidant) , qui a enrichi les médecins odieusement  dans une situation où l’ensemble des contribuables de la classe moyenne peine à joindre les deux bouts(mais à sa défense, le gouvernement a accepté, ce qui est encore pire !!), qui est passé de la CAQ au parti Libéral sans avoir averti le chef du premier parti et qui lui avait quand même fait une place il y a 18 mois, qui n’a même pas eu la gentillesse de retourner à son local d’élection après sa défaite dans Terrebonne pour remercier les gens qui avaient travaillé pour lui, qui présente une allure physique difficilement compatible avec celle de ministre de la Santé, qui aurait peut-être voté oui (ce n’est pas un péché, mais c’a nous informe de la rapidité avec laquelle il change d’allégeance politique ; pourquoi madame Marois lui aurait-elle offert le poste de DG du CHUM si ce n’était pas le cas ?) et j’en passe !
Comment se fait-il que le chef du parti libéral amène avec lui un homme avec qui en apparence, il ne partage pas les mêmes valeurs! À tout le moins, il n’utilise pas les mêmes moyens.
Je ne peux qu’espérer que madame Fatima Pépin remporte ses élections pour faire en sorte que nous ne soyons pas obligés de voir ce personnage en politique.

mercredi 19 mars 2014

EXTRAITS DE LA LETTRE DE BOB RAE AU GLOBE, 15 mars 2013

"La plupart des Québécois sont préoccupés, à juste titre, par l’économie, les finances publiques et le désir de protéger leur famille dans un monde incertain. On leur propose plutôt de se donner un rendez-vous qui mènera à la division. Ceux qui affirment que cela peut se faire sans grandes souffrances pour les parties concernées mentent au peuple." (Bob Rae, lettre au Globe and Mail, 15 mars 2014)
Il me semble avoir entendu Mme Marois dire qu'il n'y aurait pas de frontières entre le Canada et le Québec indépendant, que le Québec conserverait le dollar canadien et que le Québec conserverait un représentant sur le Conseil de la Banque du Canada. Un café et un beigne au miel avec cela!
"Un employé de la fonction publique ou un syndicaliste qui vote pour M. Péladeau, c’est l’équivalent d’un poulet qui voterait pour le colonel Sanders." (Bob Rae, lettre au Globe and Mail, 15 mars 2014)
J'ai déjà fait le commentaries dans le blogue précédent: PKP dans le même parti que Gérald Larose et Marc Laviolette, il va se passer quelque chose si le PQ n'est pas majoritaire.



L’ARRIVÉE DE PKP-BON OU MAUVAIS POUR LE PQ




L’ARRIVÉE DE PKP-BON OU MAUVAIS POUR LE PQ?

Il faut l’avouer, l’arrivée de PKP dans la mêlée électorale est un brillant coup de madame Marois. Cet homme ne laisse personne indifférent, tous lui reconnaissent d'avoir bâti un des principaux groupes de presse et de communication au pays. Il apporte une solide crédibilité à la plate forme économique du parti québécois. On doit aussi souligner le courage qu'il a de se lancer sur un terrain qu'il ne connait absolument pas. Je le crois lorsqu'il mentionne qu'il a beaucoup reçu et qu'il veut redonner aux québécois. Mais ça ne marchera probablement pas comme il le pensait.
Son arrivée ne cesse de faire couler de l’encre et elle alimente les débats. Mais est-ce un bon ou mauvais coup pour le parti québécois? Le sondage dans La Presse  du 17 mars semble démontrer que ce coup d'éclat ne profitera pas au PQ. Pourquoi?
Par son geste d'éclat lors de son discours « d’intronisation » à Saint-Jérôme, son arrivée a propulsé à l’avant-plan le projet de souveraineté du parti québécois, tout en mettant en evidence les divergences "philosophiques" que son arrivée pourrait provoquer au sein du parti.
Comment justifier que dans le même parti, on y retrouve PKP, Marc Laviolette et Gérald Larose!? Il n'y a qu'une seule raison: le projet souverainiste. Pour toutes ces personnes profondement souverainistes, il est acceptable de faire des compromis tres importants au niveau de l'idéologie socio-politique pour donner LE coup de pouce nécessaire à la promotion de l'indépendance. Mais tentez d’imaginer le parti québécois de retour au pouvoir, avec un gouvernement minoritaire, donc incapable de lancer le débat sur la souveraineté ! PKP ministre de l’Industrie et du Commerce et Agnes Maltais, ministre du Travail ! PKP ne pourra plus trouver d'espace pour même respirer, tant le parti est à la gauche de son idéologie économique.
Son arrivée a donc favorisé le débat sur la pertinence de lancer une grande discussion sur la souveraineté du Québec advenant l’élection d’un gouvernement péquiste majoritaire. Le sondage du 17 mars semble indiquer que ce désir est très faible dans la sociéte québécoise. L'arrivée de PKP n'a donc pas eu l'effet escompté de procurer une crédibilite économique assez forte à l'option souverainiste pour entraîner les québécois dans un autre référendum. C'est quand même assez étrange. Cet homme prend le risque économique personnel d'entraîner le Québec dans le divorce constitutionnel. Ceci aurait pu être interpreté par la population que le risque économique de l'accession á l'independance est acceptable. Mais non, les québecois ne veulent quand même pas entendre parler de souveraineté. Mais quelles sont les veritables raisons pour lesquelles les quebecois ne veulent pas en entendre parler? Ceci ferait un bon sujet de sondage.
L'impact de son arrivée possible au gouvernement se fera maintenant á l'interieur du caucus du Parti Quebecois. En effet, le sondage le place en tête des autres ténors du parti, devançant les Jean-Francois Lisée et Bernard Drainville comme remplaçant de Mme Marois. Maintenant que le projet de l'élection référendaire semble relayé au second plan, il est probable qu'on le verra de moins en moins.

Maintenant, doit-il vendre ses intérêts dans Québécor si jamais il est élu ?
Je me rallie à l’idée déjà émise qu’il doit choisir entre la politique et son patrimoine familial. Je ne peux pas comprendre comment les journalistes qui travaillent pour des journaux qui appartiennent à un homme qui dit vouloir retourner diriger son empire après son saut en politique pourront ne pas être influencés dans leurs commentaires sur le « candidat Péladeau ». Mais ce qui me chatouille le plus dans tout ce débat est l’attitude absolument hypocrite des belles-mères et autres membres influents du parti québécois (Mme Payette, Mme Harel, M. Larose) qui, dans une lettre ouverte, ont enteriné l’arrivée de PKP au PQ sans que ce dernier ne soit obligé de se départir de ses actions ou à tout le moins, se soumette à un mécanisme qui nous assure de son indépendance face à son ancien empire.
Ces ténors font du projet de l'accession à l'indépendance du Québec une cause tellement importante, qu'elle peut avoir préséance sur l'absolue indépendance des parlementaires face à de quelconques intérêts economiques, valeur absolument cruciale pour le maintien de toute société démocratique. Imaginez une seule seconde si PKP avait posé sa candidature pour le parti Libéral!! Je vois d’ici les belles-mères déchirer leurs chemises sur la place publique: leur discours serait à l'opposé de celui qu'ils prônent aujourd'hui. Mme Julie Boulet, M. Pierre Arcand et M. Russel Williams avaient dû, après avoir essuyé un tollé de protestations de la part de mesdames Marois et Maltais, se départir de leurs actions dans leurs entreprises respectives. Mme Boulet étant heritière de l'entreprise qui fabrique les fameuses bottes de cowboy "Boulet" avait dû à contrecoeur se départir de son bloc d'actions qui était son héritage familial (bottes de cowboy et politique!?, c'est vrai que la politique est quelque fois un rodéo!). M. Arcand était propriétaire de deux stations de radio à Montreal et il avait dû les vendre. On peut sans se tromper penser que le portefeuille de ces trois personnes ne leur conférait pas autant d’influence que celui de PKP !! Il possède plus de 40% de la force médiatique du Québec!! Il m'apparait impossible que M.Péladeau siège au Conseil des ministres sans se départir de ses actions.
En tout cas, son arrivee a permis d'eclaircir au moins un sujet au Québec: les québécois ne veulent pas entendre parler de souveraineté. Il sera interessant de voir ce qui arrivera s'il est élu. À suivre.






Jeudi, soit 2 jours auparavant, la première ministre a dit : « Je veux garder l’agenda ouvert. Nous allons réfléchir ensemble à l’avenir du Québec, il y aura un livre blanc, et s’il y a lieu de tenir un référendum, nous prendrons le temps de l’arrêter, d’entendre le point de vue des citoyens et si nous ne croyons pas pertinent de le faire, nous ne le ferons pas.» Si elle entend le point de vue des citoyens de la même façon qu’elle l’a fait dans le cas de la Charte, gageons que les dés sont déjà pipés et que la stratégie est déjà toute arrêtée.


Je ne peux pas demeurer neutre  durant cette campagne électorale qui s’annonce comme l’une des plus intéressantes et palpitantes que nous avons connues depuis de nombreuses  années. Je vous soumets donc, bien humblement, des réflexions qui apparaîtront sur mon blogue au cours de cette campagne. Je prends évidemment position sur les sujets qui feront l’objet de mes réflexions. Vous pouvez les échanger avec qui vous voulez. J’espère que ces positions ne mettront pas en péril les amitiés que j’ai avec plusieurs d’entre vous !
Mais avant d’aborder les questions chaudes et litigieuses, je commente d’abord sur un sujet plus aisé, soit l’impact qu’a eu sur moi, l’arrivée du dernier disque de Serge Fiori qui est, pour moi, le disque que j’ai le plus aimé depuis celui de Eric Clapton – « My father’s eyes » en 1998. C’est une pure merveille. Dans mon blogue, je lui écris une lettre.
Après je débute demain avec une discussion sur la Charte. J’y ai mis quelques heures de recherche et de réflexion !!
Dans quelques jours, l’impact de l’arrivée de PKP sur l’échiquier politique, puis la santé, évidemment (on fait face à 6 larges pointures ; certaines au propre et au figuré !) et on verra par la suite. Je ne sais pas si je vais parler de la souveraineté !!!!!
Bonne lecture.

http://leblogdeclaudepoirier.blogspot.ca/

lundi 17 mars 2014

ISLAMOPHOBIE – UN SONDAGE CROP CONFIRME LA PEUR DES QUÉBÉCOIS ENVERS LES MUSULMANS

Depuis l’annonce de la Charte sur la laïcité, nous n’avions jamais abordé cette question avec nos amis, car évidemment, si tu veux conserver tes amis, tu ne parles pas de politique et de religion lors des rencontres !! Samedi soir, nous avons soupé avec des amis. Mais voilà : j’ai publié mon opinion sur mon blogue vendredi, alors mes amis ont décidé d’en parler. Les discussions furent cordiales, et aussi très instructives.
Les opinions de mes amis divergent totalement de la mienne. Elles tournent autour de trois variables : 1-  La peur de l’intégrisme musulman,
2-  Lorsque les immigrants arrivent chez nous, ils doivent prendre les habitudes d’ici et
3- Le hidjab est, pour bien des femmes, un signe de soumission au mari, ce qui est intolérable.
Intéressant. Rien à voir avec la Charte sur la laïcité. Jamais, durant la soirée, nous n’avons abordé le principe de la laïcité dont devraient faire preuve les employés de la fonction publique. Mes amis ne m’ont pas parlé des juifs, ni du crucifix, mais uniquement des musulmans et musulmanes.
Hier matin, toute une coïncidence, la Presse publie un sondage qui démontre que 57% des québécois ont une opinion négative des musulmans. De plus, 53% des personnes consultées pensent qu’il y a une menace intégriste musulmane au Québec. Ce que les répondants veulent des immigrants selon le sondage : « D’abord et avant tout qu’ils se fondent dans le paysage !! » Intéressant lorsqu’on compare avec les non francophones : 72% disent avoir une opinion positive des musulmans. Par contre, 72% des québécois croient que les immigrés doivent mettre de côté leur culture et essayer d’adopter celle du Québec.
Je vous mentionnais dans mon blogue que 78% des immigrants viennent ici pour travailler. Ce sont des travailleurs qualifiés et des gens d’affaire. L’intégrisme musulman est présent partout dans le monde, mais la meilleure façon de l’empêcher, c’est de permettre aux immigrants de travailler et de s’adapter à notre société à leur rythme, tout en respectant nos lois. C’est en encadrant les demandes d’accommodements par des critères qui font consensus qu’on peut leur permettre de conserver certaines de leurs traditions. Qui sommes-nous pour affirmer que chaque femme qui porte le hidjab le fait parce que son mari l’oblige ? Qui sommes-nous pour empêcher une femme de porter le hidjab parce qu’elle est croyante et que c’est important pour elle ? La meilleure façon d’encourager l’intégrisme c’est d’isoler socialement et économiquement certains membres de la communauté musulmane. Ceci entraîne la pauvreté et les ressentiments.
Mais que fait le gouvernement du parti Québécois face à ces révélations ? Hier, madame Marois a dit, lors de sa conférence de presse à l’hôtel de ville de Montréal que l’application de la Charte à Montréal: « règlerait bien des problèmes »  Elle persiste et signe !
Jean Chrétien a déjà dit quelque chose comme: « La démocratie, c’est la dictature de la majorité ». Il continuait en disant que le rôle d’un gouvernement était de protéger les minorités, pas de répondre nécessairement à tous les souhaits de la majorité.
Dans une société comme la notre, un gouvernement devrait tout faire pour favoriser l’intégration des communautés culturelles à la société québécoise tout en les respectant. Les immigrants sont essentiels au maintien de notre activité économique car ils œuvrent dans des postes de travail que nous ne pourrons combler à cause de notre démographie vieillissante. Le parti québécois devrait prendre acte des résultats du dernier sondage sur « Le malaise musulman » en renonçant à sa clause sur l’interdiction du port des signes ostentatoires dans la fonction publique, ou tout le moins en y apportant de modifications comme celles qu’avait suggéré la Commission Bouchard-Taylor. Le maintien de cette clause  telle qu’elle est présentée isolera les femmes musulmanes qui portent le voile, provoquera des comportements racistes envers la communauté et créera le contexte favorable au développement de l’intégrisme musulman. Le rôle du gouvernement est de défendre les minorités contre le désir de la majorité en proposant entre autres des mesures pour mieux comprendre la communauté musulmane. Je ne peux comprendre que des personnes qui ont quitté leur pays parce qu’entre autres, on leur imposait le port de vêtements pour des raisons religieuses, arrivent ici et se font interdire d’en porter pour des raisons similaires. Il me semble que la société québécoise est assez fière et sure d’elle pour permettre certains accommodements !

Comme disait Alain Dubuc dans la Presse de ce matin : « Mais ce qui est unique, c'est qu'un gouvernement ait sciemment choisi de nourrir cette peur de l'immigration, de l'amplifier, de la légitimer, et d'en profiter politiquement. C'est la Charte des frayeurs. »