jeudi 3 avril 2014

JE VOTERAI LIBÉRAL, MAIS SANS ENTHOUSIASME

Lundi je vais voter libéral, mais sans grand enthousiasme.
J’ai fait la boussole électorale de Radio Canada et mon degré d’accord avec les partis est le suivant :


Imaginez, 71% d’accord avec le parti québécois et je suis fortement en désaccord avec le projet de Charte sur la laïcité et sur la souveraineté du Québec! 

J’ai toujours été et je suis encore très social démocrate, mais plus intéressé par l’ancien ( !) programme du parti québécois. Mais pour moi, l’enjeu électoral le plus important de cette campagne est notre position face à la clause sur le port de signes dits ostentatoires par les employés de l’état. J’ai déjà exprimé mon opinion là dessus dans un blogue précédent. Cet enjeu est probablement le plus important sur lequel la population québécoise est appelée à prendre position depuis 50 ans, à part les deux référendums. Il définit la société dans laquelle nous, nos enfants et nos petits enfants vont vivre. Une société inclusive où les minorités visibles ont les mêmes privilèges, les mêmes libertés et les mêmes obligations que tous les autres citoyens. Une société qui permet les accommodements à l’intérieur de balises précises, qui feront consensus, une société qui prône l’égalité homme-femme, dans laquelle l’égalité  de la femme ne sera pas évaluée par le fait qu’elle porte ou non un hidjab. Une société dans laquelle le gouvernement ne bafouera pas les libertés fondamentales dont celle de la religion, pour des enjeux purement électoralistes. Le gourou par excellence du PQ, M. Jean-François Lisée lui-même, disait dans « Nous » s’être habitué au voile islamique et il affirmait que le Québec avait plus urgent. Il souffle le chaud et le froid. C’est la charge identitaire du PQ qui veut créer une crise où les nationalistes froids se rallieront au PQ par crainte de l’intégrisme religieux. Lorsqu’un gouvernement parle du « Nous », il y a évidemment un « Eux », les autres qui ne sont pas le « Nous » identitaire. Je refuse d’accepter que je vivrai dans une telle société. J’ai véritablement basculé lorsque madame Marois a dit qu’elle utiliserait la clause dérogatoire pour passer la loi sur la Charte sur la laïcité si jamais elle était contestée devant les tribunaux fédéraux. Utiliser un tel outil pour faire plaisir aux « Nous » au détriment des « Eux », pour un problème qui n’existe pas !! Elle a aussi finalement avoué, hier, que des femmes perdraient leur emploi si jamais elles persévéraient à porter leur voile. Nous assistons à un film d’horreur dont tous les actes se jouent devant nous depuis plusieurs mois. La seule façon de l’arrêter avant le massacre des minorités par une tronçonneuse politique est d’évacuer ce parti du gouvernement.
C’est pourquoi, même si les politiques sur la santé, l’éducation, l’économie et sur la langue du parti québécois m’interpellent plus que celles du parti libéral, ce dernier parti est le seul qui s’oppose farouchement à la clause sur l’interdiction du port des signes ostentatoires. J’admire M. Couillard là dessus. Sa position sur la clause portant sur les signes ostentatoires me semble aussi viscérale que la mienne et elle n’a pas bronchée depuis le premier jour. Lors des deux débats, il a même résisté aux attaques verbales de François Legault qui lui demandait s’il empêcherait une femme policière de porter le hidjab. La réponse politique et rapide aurait été de dire non, je ne le permettrais pas, mais on voit qu’il veut régler ces situations au cas par cas à partir des balises communes que la société québécoise se donnera en adoptant le projet de Charte sur la laïcité sans sa clause sur le port des signes ostentatoires  par les employés de l’état. Il n’a pas voulu statuer sur un problème qui ne s’est pas encore présenté, contrairement au parti Québécois qui veut statuer par une loi pour baliser un problème qui n’a jamais été précisé et quantifié.
Je voterai aussi libéral parce que le projet souverainiste du parti québécois ne bénéficiera pas d’une discussion saine et franche autour de ce que pourrait être un pays appelé QUÉBEC. À partir de l’expérience que nous avons vécue lors des débats sur la Charte de la laïcité, je ne vois pas comment la population pourra modifier un seul iota du document que produira le parti québécois sur le projet souverainiste. Imaginez, plus de 240 mémoires ont été déposés à commission parlementaire portant sur la Charte de la laïcité dont certains, par des groupes juridiques, des groupes sur la défense des droits de l’homme, des groupes académiques recommandaient des modifications qui auraient pu permettre l’adoption d’une charte amendée. Non, le démagogue en chef du parti québécois, Bernard Drainville, a refusé ne fusse que modifier une seule virgule du projet de loi. Imaginez que ce soit encore lui qui pilote le projet de consultation sur le document sur la souveraineté, et vous pouvez déduire le genre de consultation qui en résultera. Le projet souverainiste sera celui du parti québécois et personne ne pourra influencer la façon dont ce pays pourrait être constitué.
Je souhaite cependant un gouvernement libéral minoritaire. Ceci permettra à la population du Québec de mieux connaître monsieur Couillard, de voir comment il se débrouille en éducation, santé, économie et comment il entend défendre la culture et la langue française, de loin son point le plus faible de cette campagne électorale. Je ne crois pas qu’on puisse se permettre de relâcher  la tension d’un seul cran sur ce sujet ; la menace à la survie de la langue française en Amérique est réelle et mérite qu’on s’y attaque fermement.

Lundi, ce sera une des journées les plus importantes pour le Québec du futur. Bon vote !

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