lundi 10 octobre 2011

LA CRISE DE L’EURO – commentaires d’un non initié

Comment est-ce que je me sens avant de vous faire mes commentaires sur la crise de l’euro?  Comme on dit en bon québécois : « J’me sens en dehors de mes chouclaques ». Au Québec, on utilise cette expression lorsqu’on discute d’un sujet dans lequel nous ne possédons pas les connaissances ou n’avons pas  l’expérience pour supporter notre argumentaire. Malgré cette absence de connaissances ou d’expérience sur l’économie mondiale, j’ai une expérience de la vie! Je ne peux donc faire autrement que de me sentir relativement confortable de vous présenter ces quelques réflexions d’un citoyen qui lit beaucoup, qui n’a eu qu’un seul cours d’économie (en 1968!) dans sa vie et qui se pose énormément de questions sur la crise de l’euro. Car cette crise, qui semble se passer assez loin, sur un autre continent, aura des répercussions importantes chez nous, j’en suis sûr. Les décisions économiques que prennent les européens ont donc des répercussions sur notre propre train de vie. Qui eut cru? Est-on à l’aube d’une réflexion sur un gouvernement mondial?
La première question que je me suis toujours posée lorsque les européens ont adopté leur monnaie commune est la suivante : comment peut-on adopter une monnaie unique sans que tous les pays d’Europe aient la même discipline économique, la même fiscalité, et les mêmes budgets? Je n’ai pas relu les arguments qui ont mené à cette décision, mais certains pays, comme la Grande Bretagne et les pays Scandinaves, ont toujours refusé d’adhérer à la zone euro; il doit y avoir certainement d’autres raisons que le chauvinisme régional ou le patriotisme.
Les canadiens se rappelleront qu’il y a quelques années, le Canada avait contemplé, devant la dévaluation importante de son dollar face au dollar américain (0,65 sous, à l’époque, pour 1 dollar américain), la possibilité d’adopter le dollar américain comme monnaie. Les discussions n’avaient pas duré longtemps, mais beaucoup supportaient cette option. Lorsqu’on voit comment les américains sont profondément divisés sur les façons de gérer leur économie et sur la question budgétaire, et lorsqu’on voit les choix déchirants auxquels font face les grecs, on comprend mal comment un pays peut renoncer si facilement à son unité monétaire. C’est un peu comme si le pays se mettait volontairement sous la tutelle des autres face à l’utilisation d’un de ses plus importants leviers économiques : sa monnaie. Regardons ce qui s’est passé au Brésil, et plus récemment, en Argentine. Ces pays, au bord de la faillite, ont dû dévaluer considérablement leur monnaie pour reprendre leur contrôle sur leur économie.  Ceci rend entre autres les produits exportés par ces pays plus compétitifs sur le marché mondial et encourage le tourisme.  Comment la Grèce peut-elle répondre aux commandes de l’Union européenne de sabrer dans ses dépenses lorsque les autres pays qui la composent  utilisent l’endettement de leur propre état pour relancer leur propre économie, lorsque le taux de chômage est très élevé. Si les grecs acceptent d’autres coupures, ils augmentent inexorablement leur taux de chômage, qui est déjà passablement très élevé, surtout chez les jeunes (plus de 40%). Ils maintiendront une monnaie forte, dans un pays  pauvre, incapable de relancer son économie. Donc il m’apparait que la sécession de la Grèce n’est qu’une affaire de mois. Les citoyens français et surtout les citoyens allemands vont finalement refuser de payer pour un pays dont tout le monde sait qu’il vivait au dessus de leurs moyens.
C’est une question fort complexe qu’il est difficile de maîtriser. Il y a 10 ans, plusieurs pays européens ont pris la gageure de se doter d’une monnaie unique pour créer un contre poids au dollar américain et créer une nouvelle forme de dissuasion à la guerre en Europe. En se faisant, ils ont été obligés de se faire confiance en confiant à chacun d’entre eux le mandat de maintenir une certaine discipline économique, fiscale et budgétaire. La mémoire est une faculté qui oublie en politique et les politiciens doivent se faire réélire. Les obligations morales qui sous-entendaient la gestion d’une monnaie unique ont rapidement été oubliées et on se retrouve dans la situation qu’on vit actuellement. Bientôt, tous sont d’accord pour le dire, ce sera au tour de l’Espagne, du Portugal et plusieurs mentionnent la France.
Accrochez-vous bien, car je crois que les prochains mois vont être passablement agités économiquement. Que feront les chinois? Ils approvisionnent l’Amérique et l’Europe, ils ont 1,4 milliards de personnes à nourrir. Ils ne peuvent pas se permettre de voir l’Europe en récession car c’est leur deuxième marché. Très intéressant….à suivre!!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire