DEUXIEME INTERMEDE AU VOYAGE EN CHINE - UNE HISTOIRE DE
COLOSCOPIE - LE 6 JUIN 2013
J’ai débuté l’écriture de ce blogue en avril 2011. À
cette époque, je me relevais d’une chirurgie du colon (hémi colectomie du colon
droit) à cause de la présence d’une tumeur villeuse découverte fortuitement lors
d’une coloscopie de « routine ». Il fallait enlever cette tumeur car la probabilité qu'elle se transforme en cancer dans les 10 prochaines années était importante. Je ressentais le besoin de partager
l’expérience de cette chirurgie et du séjour hospitalier qui en découla. J'ai donc écrit 4 blogues qui portaient sur cette expérience. Or,
quelques semaines plus tard, le rapport de pathologie indiquait qu’à
l’intérieur de la tumeur villeuse, on avait découvert un adénocarcinome
(cancer) minime d’à peine 0,2mm. J’avais reçu cette information comme si j'avais été frappé par une tonne
de briques, même si toutes les statistiques me plaçaient dans la colonne des
personnes « guéries ». Le chirurgien m’avait demandé de subir une
colonoscopie de contrôle 1 an après sa chirurgie, j’avais décidé d’attendre
deux ans.
Avant de partir pour la Chine, j’ai donc appelé la centrale des
rendez-vous pour subir ma coloscopie. À mon retour de Chine, j’avais un message de la
secrétaire de la rappeler. Je communique avec elle le vendredi 31 mai et, à ma
grande surprise, elle m’offre le vendredi 6 juin, soit aujourd’hui.
Toutes les craintes que j’avais vécues suite au
diagnostic de cancer deux années auparavant sont réapparues subitement. Mon raisonnement, même si
cliniquement justifié, se laissait envahir par la peur du retour de la maladie dont
le nom débute avec un grand « C ». Brusquement, j’étais projeté dans
la morbidité. Ma vie, que je tente tout le temps de ne pas laisser à la
fatalité, était dorénavant entièrement entre les mains du destin. Quoique je
croie ou fasse maintenant, je ne pouvais plus rien influencer. Je raisonnais
qu’il y a 7 ans, tout était normal. Il y a deux ans, il y a eu cette tumeur
villeuse avec ce minuscule cancer qui a été enlevé, avec tous les vaisseaux
sanguins et lymphatiques. Mais j’avais regardé le chirurgien effectuer la
procédure et je pensais tout le temps qu’il allait un peu vite : peut-être
avait-il manqué une autre tumeur. J’ai eu cette idée-là dans la tête depuis deux
ans. Aujourd’hui, je réalise que je n’aurais jamais dû regarder la procédure. Le chirurgien en fait 500 par année depuis 20 ans, il doit savoir comment faire!!
Je me suis donc présenté ce matin, après une préparation
colique qui est vraiment, mais vraiment dégueulasse : diète liquide de 24
heures, 4 litres de Colyte, boisson hyperosmolaire qui vide littéralement le
tube digestif de tout ce qu’il peut contenir, et deux comprimés de Dulcolax,
laxatif puissant. Deux des quatre litres ont dû être pris entre 4h00 et 5h00
am !! Toute une nuit.
Je me suis apporté un livre intéressant mais dur, pour
être sûr de ne pas penser à ce qui s’en venait : « La main d’Iman » de Ryad Assani-Razaki, prix Robert
Cliche 2011. Le chirurgien a procédé à la coloscopie. Je le connais depuis des
années. Je lui ai dit que je ne voulais pas de sédation et que je ne désirais
par regarder l’opération. Nous avons parlé de voyage et de golf tout au long de
l’examen, entre deux manœuvres de l’appareil et les crampes qui en découlent et autres "phénomènes naturels" qui se passent lors de cet examen!!. Lorsqu’il
a retiré l’appareil complètement de mon derrière et qu’il a dit :
« Fini », je lui ai demandé : « Comme c’a, tout est
normal ? » Il m’a répondu : « Oui ». J’aurais pu
l’embrasser.
La peur que je ressentais régulièrement depuis deux ans,
quelquefois de façon plus consciente que d’autre, et celle, plus aiguë, dans laquelle que je vivais depuis une semaine, ont subitement disparues. La vie reprend son cours normal. La journée
est belle, les projets redeviennent soudainement intéressants, et on a le goût d'en faire d'autres. La peur a cette caractéristique intrinsèque d'inhiber la création des projets. Elle nous empêche de nous envoler vers l'espoir.
Je comprends aujourd’hui que je dois dès maintenant
tenter de m’approprier les réactions que je vivrai lorsque je rencontrerai des
difficultés avec ma santé dans le futur, réalité aussi certaine que celle de la
terre qui tourne autour du soleil. À un moment donné, la mauvaise nouvelle va
vraiment tomber et je ne peux pas et ne veux surtout pas arrêter de vivre. Mais
est-ce que c’a se prépare ? Y a t’il des recettes ? Est-ce que chacun
vit sa maladie de sa façon ? C’est probablement cela. Tout se vit
individuellement, mais quelque part, se préparer à la maladie et à la mort,
c’est peut-être important de le faire. J’apprécierais vos commentaires.
Mais maudit que c’est beau la vie lorsqu’on a eu peur d’en
perdre une partie !!
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