C’est en lisant un article de Michel Dongois, dans la revue « L’Actualité Médicale » que j’ai appris l’existence de la médecine anthroposophique. C’est une nouveauté pour moi, il semblerait qu’elle existe depuis très longtemps en Allemagne,
En résumé, voici, tiré de l'article de M. Dongois, ce qu'est cette médecine:
"Médecine d’orientation spirituelle, elle se pose en continuité de la médecine classique. Elle « élargit » la vision conventionnelle de l’être humain décrit en seuls termes physiques et biochimiques pour le traiter dans sa réalité triple : physique, psychique et spirituelle. Un préalable, selon elle, pour « humaniser » véritablement les soins.
La médecine anthroposophique est vaste. Elle comprend, outre la mission centrale du médecin en clinique ou en cabinet, les champs suivants : soins infirmiers, thérapies artistiques, physiothérapie, eurythmie curative, pédagogie curative et sociothérapie (activités de groupe organisées pour les malades dans un but thérapeutique : occupation, réadaptation au travail, amélioration ou restauration des communications interpersonnelles). Et dans certains endroits, les soins à domicile. Elle a des pointes d’excellence en psychiatrie et en oncologie notamment, et gère sa propre production de médicaments.
Elle est présente à des degrés divers dans une soixantaine de pays. Elle compte trois hôpitaux en Allemagne, dont un universitaire, quelques dizaines de cliniques et autres établissements."
Voici le lien Internet qui vous permettra d’en savoir plus sur cette médecine: Pour pouvoir lire l'article, vous aurez probablement à vous inscrire au site de "Profession Santé".
En entrevue, le Dr Wolfgang Ribmann, directeur médical de la clinique Friedrich-Husemann-Klinik, en définit l’orientation:
"La médecine anthroposophique s’adresse aux forces d’autoguérison et aux compétences propres du patient – en d’autres termes, aux forces du Moi, qui reste sain, même dans la maladie.
Il ne peut tomber malade, mais peut être empêché de s’épanouir sainement par des irrégularités physiques et psychiques"
Ce sont des concepts avec lesquels j'ai beaucoup de difficultés car, on m'a formé à ne croire qu'à ce qui a été prouvé par l'évidence basé sur les preuves. C'est pourquoi j'ai de la difficulté avec l'homéopathie et toutes les formes de médecine douce non traditionnelle, à part l'acuponcture. Je crois énormément à l’effet placébo et je suis convaincu que le succès de toutes ces formes de médecine « non traditionnelles » repose sur cet effet.
Ce qui m’intéresse dans cette forme de médecine, c’est qu’elle est d’orientation spirituelle. Quelle est la force de l’âme dans le processus de guérison ? Le gouvernement allemand doit y croire car, selon l’auteur de l’article, bien que la médecine anthroposophique se pratique en clinique privée, « l’immense majorité des malades (92%) est couverte par l’assurance publique de base »
Je ne m’étendrai pas plus sur le sujet, mais je voulais faire le lien entre les principes de base de cette « nouvelle médecine » et ma chronique du 15 mai dernier. Elle était intitulée : « LA MORT- PARTIE 2 - RÔLE DE LA SPIRITUALITÉ- exemple des moines de Tibhirine dans le film « Des hommes et des Dieux ».
À la fin de cette chronique, j’écrivais :
« La partie scientifique et rationnelle de notre pensée va se heurter à l’approche spirituelle qui mène inévitablement à un concept inacceptable scientifiquement : la présence de Dieu. »
Or, la médecine anthroposophique est basée entre autre sur la spiritualité. Voilà ce qu’a répondu le Dr Ribmann, lors de l’entrevue qu’a faite M. Dongois avec lui, aux deux questions suivantes :
« La médecine conventionnelle aurait-elle décidé de limiter d’emblée son champ d’action ?Oui, sinon pourquoi réduire l’expertise médicale aux symptômes ? Nous, médecins, devons nous interroger sur les limites de la science actuelle. Quant aux chiffres, sont-ils objectifs en soi, démontrant une vérité incontestable et immuable, ou ne sont-ils pas plutôt une mesure construite, formatée sur la base de conventions et donc, à ce titre, manipulables, discutables, imparfaits ? Et s’ils n’étaient que de simples indicateurs, à traiter comme tels ?
L’importance accordée, dans les milieux universitaires, aux données probantes, certes nécessaires, m’apparaît souvent comme un dogme, la science étant en quelque sorte la religion la plus récente. C’est peut-être aussi un rempart facile contre une certaine peur de la rencontre humaine en profondeur. J’irais même jusqu’à dire une peur de la spiritualité.(j’ai souligné)
Pourquoi la spiritualité ferait-elle peur ?Bien du monde se braque à la seule idée que l’être humain puisse être plus que son corps physique. La science académique contribue à imposer des limites arbitraires à la connaissance de l’être humain et du monde. La chape de plomb imposée à la médecine par les données probantes, à l’exclusion du reste, c’est un peu l’énigme de notre temps dans notre profession, surtout en psychiatrie.
Je souhaite que la jeune génération de médecins apprenne à dépasser, lorsqu’il le faut, ces barrières admises par pure convention. Ce qui compte, au bout du compte, c’est le mieux-être du patient. »
Alors voilà, le débat est lancé. La spiritualité fait peur car elle heurte de plein fouet la science. Si ce n’est pas prouvé, c’a ne peut exister. La formation médicale ne prépare pas du tout les futurs médecins à de tels concepts. Il est en effet beaucoup plus rassurant de se fier aux données probantes que de croire que le patient a un impact considérable sur sa propre destinée et survie, entre autre en utilisant la spiritualité. J’ai bien hâte de lire les commentaires des médecins sur cette chronique.
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