Le 24 mai dernier, j’écrivais une chronique intitulée : L’AFFAIRE DSK – UNE AFFAIRE DE MORALITÉ DIFFÉRENTE ENTRE DEUX PAYS
Je concluais en écrivant ceci :
« Je prédis aussi que cette affaire va déclencher, pour une fois, un vrai débat en France sur l’importance d’avoir une politique de tolérance zéro pour tout ce qui concerne le harcèlement sexuel et l’agression sexuelle. À peine 10% des femmes violées font une plainte en France, selon un reportage de TF2 entendu dernièrement. Elle est terminée, l'époque où l'on mettait la brutalité sexuelle sur le compte d'un excès de virilité, où l'on trouvait normal qu'un homme de pouvoir puisse traiter impunément les femmes comme des objets sexuels. La France aura perdu son premier choix au repêchage pour la course à la présidence, mais elle gagnera en moralité. »
Or il semble que ma prédiction s’est avérée vraie.
En effet, dans la revue « Time Magazine » du 6 juin, on peut lire un article de Judith Warner intitulé « Cherchez les Femmes – Has the women’s movement in France finally caught up ? » L’auteur y parle d’une effusion de « Rage » de la part des femmes françaises, qui apparaît sous la forme d’une pétition déjà signée par plus de 25,000 femmes de groupes féministes. On peut lire la chronique de Madame Warner à l’adresse électronique suivante :
Ce ne sont pas les frasques de DSK qui en sont la cause, mais plutôt les commentaires d’une certaine élite politique et intellectuelle française mâle face aux allégations auxquelles fait face DSK. Les femmes dénoncent non seulement la violence faite aux femmes, mais entre autre les « vagues quotidiennes de commentaires misogynes provenant de ces personnages publics ». En voici certains : mentionné par un très bon ami de DSK: « L’affaire du Sofitel : was just a matter of just lifting a maid’s skirt ». Jack Lang, un ancien ministre de la culture et celui qui a entre autre écrit une magnifique biographie de Nelson Mandela dont je vous ai déjà parlé, a dit : « ce n’est pas comme si quelqu’un était mort ». Même Ségolène Royal aurait d’abord exprimé sa sympathie envers DSK, sans dire un mot de la femme de chambre.
Madame Warner écrit que les médias français, traditionnellement peu enclin à accorder leur sympathie aux causes féministes, ont traité des réactions de ces femmes avec respect. Il semblerait que cet évènement de New York ait fait apparaître, chez les femmes plus jeunes, la réalisation que malgré les promesses faites, l’égalité homme-femme n’existe pas en France : « les limites entre libertinage et harassement n’ont pas encore été tracées »
Dans la Presse du 4 juin, le journaliste Marc Thibodeau rapporte les faits suivants : on peut lire l’article complet à l’adresse électronique suivante :
L’auteur rapporte les remarques très grossières faites à l’endroit de femmes députés de l’Assemblée Nationale de France. Maintenant, ces députés n’ont plus peur d’être citées sans être ridiculisées, ce qui est déjà un plus. Une député pense que l'arrestation de l'ex-favori socialiste a délié les langues et introduit «la peur» chez les hommes qui ont des comportements de domination sexuelle sur les femmes. Encore un plus. Mais il y a encore beaucoup à faire. En effet, Monsieur Thibodeau rapporte que cette semaine, les publicités suivantes étaient encore affichées :
La publicité d'une grande chaîne de vêtements montrant ces jours-ci une femme tout sourire sous le slogan «Tout est permis» ! Puis, une affiche de cinéma montrant le postérieur d'une femme avec deux visages d'hommes à proximité sous le titre «Bon à tirer» !
Finalement, Odile Tremblay danssa chronique du Devoir du 5 juin, « se paye la traite ». (Aucun lien Internet car il faut être abonné au Devoir pour lire cette chronique en ligne). Elle est chroniqueuse artistique et, comme elle le dit, elle « s’est tapé »des biographies de DSK qui, soit dit en passant, ont été retirées du marché( !!). Elle parle de l’une de ces biographies : « Cette bio fascine pour avoir été rédigée avant le chaos. Je l’ai parcouru comme un livre antérieur à une guerre qui ne préfigure pas sa défaite, nourri de naïveté, de désinformation, de complaisance, de monstruosités candidement énoncées qui, lues après coup, revêtent une dimension choquante et absurde ».
Elle décrit les évènements de trois façons, soulignant au passage « le réveil des féministes. « engeance »raillée et moribonde dans un pays où le droit de cuissage, hérité du régime féodal, chez les bonzes de la politique et du cinéma est banalité d’usage ».
Puis finalement, elle nous rapporte « que M. Jean François Kahn, ami du couple, a quitté le magazine « Marianne », qu’il a fondé, après avoir évoqué dans l’affaire DSK un « troussage de domestique »( !!!!), expression puant les odeurs privilèges de caste et de suprématie virile. »
Ouf !!, il s’en passe des choses dans la vieille France !! On peut actuellement visualiser un dôme de poussière au dessus de la France, à l’instar de celles qu’a engendré le volcan l'Eyjafjöll en Islande, causé par une éruption de rage féministe qui entraîne le « dépoussiérage » de certains mœurs, considérés comme totalement inappropriés ici. Espérons que le débat continuera. Mais on ne pourra constater les véritables effets de ce « dépoussiérage » que lorsqu’un Français puissant comme l’a été DSK, sera arrêté et jugé en France, à cause d’allégations de harcèlement et de violence sexuelle. Ceci voudra dire que le procureur, le ministre de la justice et tous les hauts gradés de la hiérarchie juridique en France ne fermeront plus les yeux et ne tenteront plus de protéger les puissants, comme il eut été le cas, si la femme de chambre qui a porté plainte avait travaillé dans un Sofitel français !
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