Titre accrocheur et provoquant ; comment comparer tout le processus démocratique entourant la location d’un amphithéâtre avec une révolution qui se fait dans le sang ? Le lien entre les deux est le processus démocratique : le processus d’accès à la démocratie lorsqu’on ne l’a pas pour les uns et les excès qu’on en fait, une fois qu’on est habitué à bénéficier de ses avantages, pour les autres.
Lorsque nous regardons ce qui se passe sur la planète, on ne peut pas dire qu’au Canada et au Québec, nous ayons des gros problèmes. Nous avons un système économique qui nous permet de nous enrichir individuellement et collectivement, tout en redistribuant notre richesse collective (quoique pas autant qu’avant) par un système social qui nous permet de ne pas souffrir des conséquences financières qu’entraîne notre entrée dans le système de santé et d’offrir à nos enfants une éducation à moindre couts qu’ailleurs. Nous sommes en sécurité, nous n’avons pas à nous retourner constamment lorsque nous marchons la nuit dans notre ville et nous avons la possibilité de dire à peu près n’importe quoi sur n’importe quoi et n’importe qui, à l’intérieur de certaines limites qui sont habituellement définies par les tribunaux (par contre, en écoutant certains postes de radio, je me questionne souvent où se trouve cette limite !!). Finalement, à tous les 4-5 ans, on peut voter pour un candidat et/ou un parti en fonction de critères qui nous sont propres. À chaque 4-5 ans, on peut choisir ceux qui vont nous diriger au niveau national, provincial, municipal et même scolaire.
Dans les pays arabes, les citoyens n’ont pas les mêmes droits et privilèges. Le « printemps arabe » est une manifestation de la force d’attraction que peut exercer la recherche de la démocratie par un peuple. Cette recherche de la démocratie est un symptôme de la soif immense qu’ont ces peuples pour la démocratie. Elle représente l’eau à laquelle ils veulent tous s’abreuver. Cette soif est si intense que plusieurs y risquent même leur vie, uniquement pour exprimer publiquement, par la manifestation, leur opinion sur les régimes politiques qui les dirigent depuis des lunes.
D’un côté, certains vont jusqu’au bout des moyens que leur permet le processus démocratique pour défendre un principe auquel ils tiennent, même si les dirigeants qui ont une opinion contraire ont été élu par une très forte majorité des citoyens, et d’un autre côté, on assiste impuissant au massacre de citoyens qui veulent seulement exprimer leur opinion sur ceux qui les dirigent !
Mais que vient faire l’amphithéâtre de Québec dans cette dissertation ?
Je crois que ce dossier est le symptôme de ce que j’appelle le débordement de notre système démocratique. Peu à peu, nous perdons le sens de ce que la démocratie peut permettre de faire et ne pas faire. Je suis abasourdi par l’absurdité de l’abus du processus démocratique dans lequel la société québécoise s’est laissée engloutir lors de l’épisode du « bill privé » relié à la location de l’amphithéâtre de Québec.
Pendant que notre société québécoise subit des changements considérables à cause d’une modification significative de l’environnement physique, économique, politique et social dans lequel nous vivons, que ce soit l’impact des changements climatiques sur nos systèmes écologiques, des conséquences de la mondialisation sur notre économie, de notre rôle dans les multiples crises politiques qui nous entourent, de l’augmentation de l’écart entre les riches et les pauvres et de l’augmentation de la pauvreté dans notre société, notre assemblée se permet de passer un temps fou et de consacrer des énergies démesurées pour discuter d’un bill privé qui est l’affaire d’une relation entre une ville et un promoteur. C’est incontestablement une dérive de notre système démocratique.
Notre assemblée et nos politiciens devraient utiliser leur temps et leur énergie pour discuter des grands enjeux auxquels nous faisions face et tenter de trouver des solutions aux problématiques qui vont nous permettre de mieux nous positionner sur l’échiquier planétaire et laisser aux tribunaux le soin de déterminer si un contrat est valable ou non.
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