Orhan Pamuk, le célèbre écrivain turc, gagnant du prix Nobel de la littérature en 2006, a écrit une biographie où il décrit sa vile natale, intitulée « ISTANBUL – souvenirs d’une ville ». Dans la citation qui accompagne généralement tout livre qui se respecte et qu’on retrouve avant la première page, il cède la place à Ahmet Rasim qui écrit : « La beauté d’un paysage réside dans sa tristesse ».
Je ne suis pas d’accord avec cette citation. De façon générale, au Québec,et dans plusieurs villes et régions que nous avons visitées, les paysages ne sont pas tristes, surtout lors d’une belle journée ensoleillée d’hiver. Mais pour Istanbul, je crois que cette citation s’applique. Il est vrai que cette ville est un peu triste : on ne voit pas beaucoup de personnes habillées avec des couleurs vives, beaucoup des bâtiments sont encore sales et délabrés….et nous avons eu un temps froid, gris et il a plu assez souvent lors des 5 journées où nous y avons séjourné. L'aéroport d’Istanbul (Ataturk) (on retrouve le nom, les photos, portraits, statues de ce grand turc partout à Istanbul et en Turquie, nous y reviendrons) se trouve à 28 km du centre de la ville et notre hôtel se situe dans le quartier de Beyoglu, ancienne colonie gênoise de Galata. La ville d’Istanbul est la seule ville au monde qui se situe sur deux continents : une petite partie, comprenant la vieille ville (la Corne d’Or) et le quartier où se situe notre hôtel, sur le continent européen, et une grande partie, sur le continent asiatique. Les deux ponts majeurs qui relient la Corne d’Or au quartier « moderne » de Beyoglu sont les ponts de Galata et le pont Ataturk(!). C’est le Bosphore qui sépare la ville entre ses deux continents.
Il est préférable de prendre le taxi pour se rendre de l’aéroport à son hôtel. Ils sont peu dispendieux. Cependant, comme la ville est compliquée et que les chauffeurs ne parlent pas l’anglais, il faut habituellement avoir en sa possession les indications écrites en turc pour se rendre à notre destination. Information importante : les chauffeurs turcs ne connaissent pas la peur!, mais les routes sont modernes et sécuritaires. Notre hôtel se situe un peu en haut de la tour Galata, dans un ancien monastère des franciscains rénové. L'hôtel est magnifique: Tomtom suites. Tout est moderne et propre. Service à l'entrée impeccable. Le directeur parle même le français, tout comme un autre employé de la réception. Lorsqu’on lit un peu l’histoire de la ville, le français fut longtemps la langue de la diplomatie utilisée par les turcs
Toute la ville, que ce soit la Corne d’Or ou le quartier Beyoglu, est construite dans une colline, avec des pentes raides. Notre première rencontre avec les Stambouliotes se fait sur la rue Istiklal, la Rambla des Stambouliotes . Plus la soirée avance, plus il y a de monde. On se croirait en Espagne, sauf que les Stambouliotes dinent plus tôt. La rue est située dans un quartier où on retrouve la presque totalité des anciennes ambassades, maintenant converties en consulat. La rue comporte de nombreux commerces avec des produits multiples. De la "guenille" habituelle, aux souliers, aux antiquaires, aux multiples restaurants, bars, bijouteries, bouquineries, etc...il n'y a pas un espace de cette rue qui ne soit pas commercial. Beaucoup d'atmosphère. En prime, circule sur cette rue le plus vieux tramway d'Europe, qui transporte les gens de la place Taksim au funiculaire. Ma première constatation: très peu de femmes complètement voilées (Niqab), et peu de hijab: à peine quelques unes.
Au contraire, les femmes d'Istanboul sont habillées et coiffées à l'européenne. Les jeunes hommes sont aussi habillés à l'européenne. Difficile de s'imaginer qu'un jour ce pays se radicaliserait dans un islamisme fondamentaliste. Il est possible que la situation soit différente dans une autre partie de cette ville de 15 millions d'habitants, ce que nous constaterons un autre jour. Autre caractéristique, les traits de visage des Stambouliotes sont durs, quelque soit leur sexe.
En explorant la rue, nous entrons par hasard dans le marché aux poissonx: Le Balik Pazar. Là, tous les gérants de ces étals, tous adjacents à des restaurants, nous approchent dans la rue en nous proposant de manger dans leur resto. Difficile de toujours conserver une attitude polie, car il y en a beaucoup!! Rue qu'il vaut la peine de visiter. Finalement, la faim aidant, nous nous sommes laissé convaincre de manger dans un restaurant qui apparaissait plus convivial que les autres. Mais la vraie raison est que le gérant nous a interpellé en français!!. Cette langue est donc encore quelque peu vivante ici. Expérience culinaire intéressante: Mezzés turcs au début, et poisson (Bar du Bosphore) pour 4 personnes, cuit de façon parfaite. Cependant, nous avons appris quelques jours plus tard que c'est un truc pour touriste. ON vous demande de venir choisir votre poisson dans l'étal; c'est toujours un Bar du Bosphore....et il doit être fait en or, car il est très dispendieux!! Je crois que nous aurions autant aimé le poisson "habituel". Découverte du RAKI, boisson locale qui ressemble à du Pernod. Le vin blanc turc est intéressant et même très bon. Fait cocasse: le serveur utilise une balayeuse portative « Black and Decker » pour nettoyer la table!! Nous entreprenons l'exploration de la ville demain.
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