Certaines ne montrent que leurs yeux, d’autres, les yeux et le nez. Elles côtoient d'autres femmes qui sont habillées de façon très occidentales. Ces femmes ne portent cependant pas des jupes courtes ou des gilets décolletés, du moins dans cet autobus. Je m’interroge donc sur les possibles frictions qui doivent survenir entre ces deux groupes de femmes car le port du Niqab est un message en soi. La société turque est laïque depuis Ataturk. Maintenant, il y a donc une pression d'une "droite" religieuse, pour utiliser une expression américaine, qui veut remplacer la société laïque par une société islamique. Il est probable que la première action « future » sera de remplacer le code civil par la « Charia », particulièrement pour tout ce qui concerne les affaires familiales. J'ai lu que le premier ministre actuel, qui vient d'être réélu avec une écrasante majorité, vient de cette droite religieuse. Sa femme serait voilée. Mais il est assez habile pour diriger dans le centre, en défendant graduellement certaines pratiques occidentales qui vont à l’encontre du Coran. On me dit que maintenant, il n'y a plus de cafés terrasse extérieurs qui vendent de l'alcool. C'est un symbole. Par contre, je ne peux concevoir que l’échantillonnage de la société moderne et laïque turque que j'ai vue déferler par dizaine de milliers sur la rue Istikal, se plierait à une société religieuse rigide...mais qui suis-je pour dire cela? Il y a 73 millions de turcs : qui sont-ils et que désirent-ils?Revenons à l'église Saint-Sauveur-in-Chora (Kariye Müsesi). Petit bijou d'église de style byzantin, dont les fresques ont toutes été conservées admirablement.
En effet, à l’instar de Haga Sophia, les musulmans ont converti cette église en mosquée, recouvrant les fresques de plâtre. Ce processus de conservation a permis une restauration plus facile des fresques, et on peut dire qu'on les admire dans leur état neuf. Seules celles qui ont été démolies par la chute de leur matériau de support lors des nombreux tremblements de terre que la Turquie a subi, sont dans un état lamentable, mais il y en a peu. Cette église possède sans doute les plus belles mosaïques et fresques byzantines au monde. Toutes ces fresques décrivent l'histoire de Jésus. À cette époque, les personnes étaient illettrées et elles ne possédaient pas d'image ou de peinture à la maison. Les seules images que ces personnes voyaient dans leur vie étaient ces fresques qui représentaient Jésus, Marie, Joseph, les apôtres, les saints, etc... L'effet devait être saisissant pour le peuple du XIVième siècle après JC. Belle petite église donc, dans l'ancienne campagne d'Istanbul, tout près du mur de Théodose, fortification bâtie en 413 AD, qui protégeait la vieille ville d'une invasion venant de l’est. Ce mur est toujours existant et vaut la peine d'être vu. L'architecture autour est constituée de maisons en bois, presque toutes avec des oriels. En nous dirigeant vers la mosquée Mihrimah Sultan, construite par le sultan Soliman le Magnifique, pour sa fille préférée, nous visitons le mur de Théodose, construit pour arrêter les invasions en provenance de l'Ouest.
Ce mur impressionnant isolait la Corne D'Or du reste de l'empire, au VIième siècle. Puis la mosquée Mihrimah Sultan, magnifique mosquée, toute illuminée, et surtout, avec peu de personnes qui visitent ou qui prient. On a une impression de grand calme. À l'instar de nos églises, on peut se réfugier dans les mosquées pour échapper au chaos des grandes villes et retrouver quelques instants de calme et de silence. De retour en bus, on passe devant une cinquantaine de commerces vendant et fabriquant des robes de mariées.
La suite de la journée: les navettes fluviales et le Palais de Dolmabahce - prochain blogue
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