Depuis l’annonce de la Charte sur la laïcité, nous n’avions jamais
abordé cette question avec nos amis, car évidemment, si tu veux conserver tes
amis, tu ne parles pas de politique et de religion lors des rencontres !! Samedi
soir, nous avons soupé avec des amis. Mais voilà : j’ai publié mon opinion
sur mon blogue vendredi, alors mes amis ont décidé d’en parler. Les discussions
furent cordiales, et aussi très instructives.
Les opinions de mes amis divergent totalement de la mienne. Elles tournent autour
de trois variables : 1- La peur de
l’intégrisme musulman,
2- Lorsque les immigrants arrivent
chez nous, ils doivent prendre les habitudes d’ici et
3- Le hidjab est, pour bien des femmes, un signe de soumission au mari,
ce qui est intolérable.
Intéressant. Rien à voir avec la Charte sur la laïcité. Jamais, durant
la soirée, nous n’avons abordé le principe de la laïcité dont devraient faire
preuve les employés de la fonction publique. Mes amis ne m’ont pas parlé des
juifs, ni du crucifix, mais uniquement des musulmans et musulmanes.
Hier matin, toute une coïncidence, la Presse publie un sondage qui
démontre que 57% des québécois ont une opinion négative des musulmans. De plus,
53% des personnes consultées pensent qu’il y a une menace intégriste musulmane
au Québec. Ce que les répondants veulent des immigrants selon le sondage :
« D’abord et avant tout qu’ils se
fondent dans le paysage !! » Intéressant lorsqu’on compare avec
les non francophones : 72% disent avoir une opinion positive des
musulmans. Par contre, 72% des québécois croient que les immigrés doivent mettre de côté
leur culture et essayer d’adopter celle du Québec.
Je vous mentionnais dans mon blogue que 78% des immigrants viennent ici
pour travailler. Ce sont des travailleurs qualifiés et des gens d’affaire.
L’intégrisme musulman est présent partout dans le monde, mais la meilleure
façon de l’empêcher, c’est de permettre aux immigrants de travailler et de
s’adapter à notre société à leur rythme, tout en respectant nos lois. C’est en
encadrant les demandes d’accommodements par des critères qui font consensus
qu’on peut leur permettre de conserver certaines de leurs traditions. Qui
sommes-nous pour affirmer que chaque femme qui porte le hidjab le fait parce
que son mari l’oblige ? Qui sommes-nous pour empêcher une femme de porter
le hidjab parce qu’elle est croyante et que c’est important pour elle ? La
meilleure façon d’encourager l’intégrisme c’est d’isoler socialement et économiquement
certains membres de la communauté musulmane. Ceci entraîne la pauvreté et les
ressentiments.
Mais que fait le gouvernement du parti Québécois face à ces
révélations ? Hier, madame Marois a dit, lors de sa conférence de presse à
l’hôtel de ville de Montréal que l’application de la Charte à Montréal: « règlerait bien des problèmes » Elle persiste et signe !
Jean Chrétien a déjà dit quelque chose comme: « La démocratie, c’est la dictature de la majorité ». Il
continuait en disant que le rôle d’un gouvernement était de protéger les
minorités, pas de répondre nécessairement à tous les souhaits de la majorité.
Dans une société comme la notre, un gouvernement devrait tout faire
pour favoriser l’intégration des communautés culturelles à la société
québécoise tout en les respectant. Les immigrants sont essentiels au maintien
de notre activité économique car ils œuvrent dans des postes de travail que
nous ne pourrons combler à cause de notre démographie vieillissante. Le parti
québécois devrait prendre acte des résultats du dernier sondage sur « Le malaise musulman » en
renonçant à sa clause sur l’interdiction du port des signes ostentatoires dans
la fonction publique, ou tout le moins en y apportant de modifications comme
celles qu’avait suggéré la Commission Bouchard-Taylor. Le maintien de cette
clause telle qu’elle est présentée
isolera les femmes musulmanes qui portent le voile, provoquera des
comportements racistes envers la communauté et créera le contexte favorable au
développement de l’intégrisme musulman. Le rôle du gouvernement est de défendre
les minorités contre le désir de la majorité en proposant entre autres des mesures pour
mieux comprendre la communauté musulmane. Je ne peux comprendre que des
personnes qui ont quitté leur pays parce qu’entre autres, on leur imposait le
port de vêtements pour des raisons religieuses, arrivent ici et se font
interdire d’en porter pour des raisons similaires. Il me semble que la société
québécoise est assez fière et sure d’elle pour permettre certains
accommodements !
Comme disait Alain Dubuc dans la Presse de ce
matin : « Mais ce qui est unique, c'est qu'un gouvernement ait
sciemment choisi de nourrir cette peur de l'immigration, de l'amplifier, de la
légitimer, et d'en profiter politiquement. C'est la Charte des frayeurs. »
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