Lundi je vais voter libéral, mais sans grand enthousiasme.
J’ai fait la boussole électorale de Radio Canada et mon degré d’accord
avec les partis est le suivant :
Imaginez, 71% d’accord avec le parti québécois et je suis fortement en
désaccord avec le projet de Charte sur la laïcité et sur la souveraineté du
Québec!
J’ai toujours été et je suis encore très social démocrate, mais plus
intéressé par l’ancien ( !) programme du parti québécois. Mais pour moi,
l’enjeu électoral le plus important de cette campagne est notre position face à
la clause sur le port de signes dits ostentatoires par les employés de l’état.
J’ai déjà exprimé mon opinion là dessus dans un blogue précédent. Cet enjeu est
probablement le plus important sur lequel la population québécoise est appelée
à prendre position depuis 50 ans, à part les deux référendums. Il définit la
société dans laquelle nous, nos enfants et nos petits enfants vont vivre. Une
société inclusive où les minorités visibles ont les mêmes privilèges, les mêmes
libertés et les mêmes obligations que tous les autres citoyens. Une société qui
permet les accommodements à l’intérieur de balises précises, qui feront
consensus, une société qui prône l’égalité homme-femme, dans laquelle
l’égalité de la femme ne sera pas
évaluée par le fait qu’elle porte ou non un hidjab. Une société dans laquelle
le gouvernement ne bafouera pas les libertés fondamentales dont celle de la
religion, pour des enjeux purement électoralistes. Le gourou par excellence du
PQ, M. Jean-François Lisée lui-même, disait dans « Nous » s’être
habitué au voile islamique et il affirmait que le Québec avait plus urgent. Il
souffle le chaud et le froid. C’est la charge identitaire du PQ qui veut créer
une crise où les nationalistes froids se rallieront au PQ par crainte de
l’intégrisme religieux. Lorsqu’un gouvernement parle du « Nous », il
y a évidemment un « Eux », les autres qui ne sont pas le
« Nous » identitaire. Je refuse d’accepter que je vivrai dans une
telle société. J’ai véritablement basculé lorsque madame Marois a dit qu’elle
utiliserait la clause dérogatoire pour passer la loi sur la Charte sur la
laïcité si jamais elle était contestée devant les tribunaux fédéraux. Utiliser
un tel outil pour faire plaisir aux « Nous » au détriment des
« Eux », pour un problème qui n’existe pas !! Elle a aussi finalement
avoué, hier, que des femmes perdraient leur emploi si jamais elles
persévéraient à porter leur voile. Nous assistons à un film d’horreur dont tous
les actes se jouent devant nous depuis plusieurs mois. La seule façon de
l’arrêter avant le massacre des minorités par une tronçonneuse politique est
d’évacuer ce parti du gouvernement.
C’est pourquoi, même si les politiques sur la santé, l’éducation,
l’économie et sur la langue du parti québécois m’interpellent plus que celles
du parti libéral, ce dernier parti est le seul qui s’oppose farouchement à la
clause sur l’interdiction du port des signes ostentatoires. J’admire M.
Couillard là dessus. Sa position sur la clause portant sur les signes
ostentatoires me semble aussi viscérale que la mienne et elle n’a pas bronchée
depuis le premier jour. Lors des deux débats, il a même résisté aux attaques
verbales de François Legault qui lui demandait s’il empêcherait une femme
policière de porter le hidjab. La réponse politique et rapide aurait été de
dire non, je ne le permettrais pas, mais on voit qu’il veut régler ces
situations au cas par cas à partir des balises communes que la société
québécoise se donnera en adoptant le projet de Charte sur la laïcité sans sa
clause sur le port des signes ostentatoires
par les employés de l’état. Il n’a pas voulu statuer sur un problème qui
ne s’est pas encore présenté, contrairement au parti Québécois qui veut statuer
par une loi pour baliser un problème qui n’a jamais été précisé et quantifié.
Je voterai aussi libéral parce que le projet souverainiste du parti
québécois ne bénéficiera pas d’une discussion saine et franche autour de ce que
pourrait être un pays appelé QUÉBEC. À partir de l’expérience que nous avons
vécue lors des débats sur la Charte de la laïcité, je ne vois pas comment la
population pourra modifier un seul iota du document que produira le parti québécois
sur le projet souverainiste. Imaginez, plus de 240 mémoires ont été déposés à
commission parlementaire portant sur la Charte de la laïcité dont certains, par
des groupes juridiques, des groupes sur la défense des droits de l’homme, des
groupes académiques recommandaient des modifications qui auraient pu permettre
l’adoption d’une charte amendée. Non, le démagogue en chef du parti québécois,
Bernard Drainville, a refusé ne fusse que modifier une seule virgule du projet
de loi. Imaginez que ce soit encore lui qui pilote le projet de consultation
sur le document sur la souveraineté, et vous pouvez déduire le genre de
consultation qui en résultera. Le projet souverainiste sera celui du parti
québécois et personne ne pourra influencer la façon dont ce pays pourrait être
constitué.
Je souhaite cependant un gouvernement libéral minoritaire. Ceci
permettra à la population du Québec de mieux connaître monsieur Couillard, de
voir comment il se débrouille en éducation, santé, économie et comment il
entend défendre la culture et la langue française, de loin son point le plus
faible de cette campagne électorale. Je ne crois pas qu’on puisse se permettre
de relâcher la tension d’un seul cran
sur ce sujet ; la menace à la survie de la langue française en Amérique
est réelle et mérite qu’on s’y attaque fermement.
Lundi, ce sera une des journées les plus importantes pour le Québec du
futur. Bon vote !
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