Nous ressentons tous, inévitablement, une pression du temps sur notre vie. « Mon Dieu que le temps passe vite ! » « N’as-tu pas l’impression que le temps passe plus vite ? » S’est-on déjà arrêté pour réfléchir à la notion du temps et surtout, comment l’apprivoiser, car, et c’est la seule justice, il s’égraine inévitablement au même rythme pour tout le monde. C’est la perception de ce rythme qui est différente pour tout le monde, et qui varie de jour en jour, pour le même individu.
Quant à moi, je n’y ai jamais tellement réfléchi. Je suis cependant conscient qu’il ne m’en reste plus autant qu’avant et, à l’instar de beaucoup de gens de mon âge, j’ai l’impression qu’il s’égraine plus vite.
J’ai toujours fait l’hypothèse que l’impression de cette durée du temps reposait en fait sur l’expérience qu’on faisait du temps qui nous était confié. Par exemple, si on prend un bébé qui a deux jours de vie, la deuxième journée de sa vie lui a donné 100% de plus de temps pour expérimenter la vie. Le temps doit sembler long à un bébé ! Après 5 ans, la première journée de la cinquième année correspond donc à 1/1725 du temps passé sur terre (1 jour sur 5 fois 365 jours). À 60 ans, la première journée correspond à 1/21900 du temps passé. Si on passe cette journée sans expérience particulière, elle nous semblera très courte. Par contre, si on la passe en voyage, en train de découvrir et vivre des expériences particulières, le temps nous semblera très court. On dira même : « Mon Dieu que la journée a été longue et bien remplie». En voyage, on dit souvent : « J’ai l’impression que c’a fait 1 mois que je suis parti », quand, en fait, on a quitté une semaine. Pour d’autres, c’est le contraire. Lorsqu’ils n’ont rien à faire, le temps passe lentement et s’ils sont occupés, le temps passe vite. C’est donc très personnel.
Mais faisons fi de ma propre expérience et de mes propres explications pour lire ce que certains anthropologues et philosophes pensent du temps. Le journal « La Presse » du 2 septembre présentait une perspective philosophique, anthropologique, psychanalytique et psychiatrique du temps. Je n’ai retenu que les perspectives anthropologiques et philosophiques. Je suis heureux de constater que Pierre Trudel, professeur d’anthropologie au CEGEP du Vieux-Montréal présente des constatations similaires aux miennes. J’en ai donc déduit que j’avais une perspective anthropologique du temps. Voici ce qu’Il en dit :
« Pourquoi le temps passe-t-il si vite? »
« Je vais vous répondre à titre d’anthropologue et d’être humain qui voit le temps passer. Je crois que cela relève d’abord de questions neurologiques, en ce qui a trait à notre perception du temps qui passe. La perception du temps change avec l’âge, la quantité de souvenirs qu’il y a dans notre cerveau. C’est pour ça que les enfants ont l’impression que le temps est si long! Et puis, il y a une question d’espérance de vie : si dans une société, on vit plus ou moins vieux, on a une notion du temps différente. Ensuite, il y a la question culturelle, qui joue aussi dans la façon dont le temps peut être perçu. J’ai beaucoup étudié les cultures autochtones, et ils ont une notion du temps tout à fait différente de la nôtre. Bien sûr, aujourd’hui, avec la vitesse, la notion du temps change aussi énormément. Je crois que cela est lié à notre économie. »
> Mais pourquoi particulièrement à la fin de l’été, avant la rentrée?
« Évidemment, plus on a de choses à faire, moins on voit le temps passer. Je m’interroge aussi sur la popularité des voyages. Mon voisin revient de Turquie, et il m’a dit qu’au bout d’une semaine, il avait l’impression d’être parti un mois. Les voyages aussi modifient notre perception du temps. Je m’interroge à savoir si la popularité des voyages ne serait pas aussi liée à tout ça. Vous savez, nous avons une culture hédoniste. Le temps, c’est important. Beaucoup plus important que dans une société moins hédoniste. »
Voilà pourquoi je vous ai mentionné avoir une perspective anthropologique du temps.
Maintenant, lorsqu’on contemple la perspective philosophique du temps, elle est aussi très intéressante…..mais plus compliquée !! Voici comment Jean Laberge, philosophe, auteur du livre « En quête de sens » et d’un blogue du même nom, nous présente le temps : Il débute d’abord avec une citation d’un auteur inconnu :
· « La perception que nous avons du temps provient de la civilisation dans laquelle nous baignons selon laquelle tout doit être utile et mesurable. »
« Pourquoi le temps passe-t-il si vite? «
« Pour le philosophe, la question est plutôt de savoir ce qu’est le temps, s’il existe objectivement, au-delà de notre conscience. Là-dessus, l’ABC de la réflexion commence par Saint Augustin, qui pose ainsi le problème: " Si personne ne me le demande, je le sais; si on me demande de l’expliquer, je ne le sais plus !" Voici maintenant pourquoi le temps est si énigmatique. On s’entend pour dire que le passé n’est plus; que le futur n’est pas encore. Donc, qu’en est-il du temps présent? Est-il ou non? Or, le présent, s’il était toujours présent – l’éternité, en somme –, le passé n’existerait pas. Donc, pour être du temps, il faut que le présent passe; par conséquent, le présent n’est que du temps passé; mais le passé n’est plus puisqu’il est passé. Conclusion: si le temps existe, il faut qu’il n’existe pas… Ouf! Bon, voilà pour les débuts ardus de la réflexion philosophique sur le temps. Le temps n’existerait donc que dans notre conscience, pas dans la réalité. Or, pour nous, modernes, le temps " file à toute allure". Pourquoi? Parce que le temps, c’est de l’argent… Donc, la perception que nous avons du temps provient tout simplement de la civilisation dans laquelle nous baignons, selon laquelle tout doit être utile et mesurable. »
> À la rentrée en septembre, pourquoi sommes-nous si pressés par le temps?
« Parce que l’important, c’est le travail. Nous, modernes, nous ne sommes rien sans le travail, car le travail est foncièrement utile. Ainsi va la modernité. Les vacances nous rappellent que le temps est une invention humaine. En vacances, nous baignons pour un moment dans un monde fait d’activités en apparence " inutiles"; par exemple, contempler la beauté d’un paysage, admirer une œuvre d’art, savourer une rencontre, lire un roman, connaître une autre culture, etc. Pour celui ou celle qui, en vacances, découvre par exemple les cantates de Bach, le temps n’existe plus. »
> Un truc, pour moins courir?
« On m’accusera sans aucun doute de prêcher pour ma paroisse, mais le meilleur moyen de s’évader de l’emprise du temps, c’est de cultiver les arts et la philosophie! »
Voilà pour ces deux perspectives.
Intéressant…non !
Le présent n’existe pas car lorsqu’on songe au présent, il est déjà passé !! Ouf !
Vive le temps….passé. Et vive le futur, c’est ce qui nous tient en vie : avoir des projets, un goût de voir évoluer quelque chose, le goût de s’occuper de quelqu’un. Qui ne se rappelle pas l’excitation des premières rencontres à venir !!, des premiers voyages de planifiés. C’est encore comme c’a, même à mon âge !
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