J’ai déjà fait un blogue sur les élections le 27 avril dernier. Je tentais d’expliquer les causes de la remontée du NPD au Québec. Aujourd’hui, je suis plus certain des causes que j’avançais il y a à peine 5 jours. Je considère que les québécois en particulier, et des canadiens de certains coins du pays, donnent aux politiciens du pays la plus belle leçon de ce qu’est la démocratie et des pouvoirs que peut prendre la population lorsqu’elle décide qu’elle en a ras-le-bol. Je trouve cela très exhaltant.
D’abord, le premier ministre nous a pris pour acquis, et j’hésite à utiliser les mots « nous a pris pour des caves ». Son seul message de la campagne a été: une majorité est nécessaire pour faire progresser le pays économiquement. On a assisté à aucun dialogue avec la population, à un contrôle des questions des journalistes, à une attitude de glace et à une quasi absence d’émotions; il n’a jamais vu venir la vague de contestation de cette vision d’un pays dirigé de la façon dont il l’a fait et de la façon qu’il nous proposait de continuer à le faire.
Les québécois sont en majorité des socio démocrates. Avant 1982, leur vote appartenait en très grande majoritéau au parti libéral. Le parti libéral est en chute libre au Québec depuis le rapatriement unilatéral de la Constitution par Pierre Elliott Trudeau en 1982. Il n’y a jamais eu une majorité de députés libéraux depuis cette date au Québec. Le vote socio démocrate des québécois a d’abord été orienté vers Brian Mulroney à la fin des années 80 et au début des années 90, lors des années du « beau risque » que même M. Lévesque avait accepté. Après l’échec du Lac Meech, en 1993, il a été détourné vers le Bloc.
Le style de leadership de M. Harper ne convient pas à une très grande majorité des québécois. Lors du déclenchement des élections, la question au Québec était donc : comment bloquer le parti conservateur. Les libéraux ont tenté de canaliser ce vote de protestation, mais malheureusement, comme le dit si bien Margaret Wente dans le Globe and Mail du 30 avril dernier, en parlant de M. Ignatief : « He’s the wrong man in the wrong party at the wrong time ». Le parti libéral ne s’est pas encore remis du scandale des commandites et M. Ignatief présente encore l’image d’une personne « arrogante », probablement à cause de la façon dont il présente ses idées. Le parti libéral ne peut donc pas servir de déversoir des votes socio démocrates des québécois. En passant, Pierre Goglia, dans sa chronique de la Presse du 30 avril intitulée "L'arrogance", est très sarcastique en critiquant cette supposée arrogance de M. Ignatief. Permettez-moi d’en reprendre certaines lignes :
« Surtout que ça n'en prend pas tellement pour être perçu comme arrogant dans ce pays. Tu maîtrises bien ton discours? T'as l'air de savoir ce que tu dis? Au lieu de tout simplifier, tu apportes des nuances qui rendent compte de la complexité des choses? Tu ne te caches pas d'être un intellectuel? T'es rien qu'un arrogant.T'as pas une tête de mononcle comme la plupart des leaders politiques? T'es arrogant. T'as de l'ambition, c'est clair, des titres universitaires pour la porter, est-il assez arrogant, ce crisse-là? »
(http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/pierre-foglia/201104/30/01-4394890-larrogance.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_pierre-foglia_3264_section_POS1)La plus grande surprise de cette élection est que les québécois se sont enfin aperçus qu’ils pourraient tenter un retour dans un parti fédéraliste qu’ils ne connaissent pas du tout, mais qui correspond d’emblée à leurs aspirations et leurs idéaux socio démocrates. Ils se sont aperçus que le Bloc ne peut être le seul parti capable de défendre les intérêts des québécois. Lorsqu’un couple décide de vivre ensemble, il doit y avoir des compromis qui certaines fois, ne seront pas toujours dans l’intérêt de l’un ou l’autre des deux conjoints. Ces compromis prennent leurs racines dans les principes qui gouvernent la vie de l’un et l’autre des conjoints. Tant que ces compromis ne remettent pas en question les principes fondamentaux qui animent la vie de l’un ou l’autre des conjoints, ils sont acceptables et aident au maintien du couple. Comme la séparation politique du Québec devra se décider au Québec, et non à Ottawa, tant que les québécois accepteront de demeurer au sein de la fédération canadienne, il y aura des décisions qui seront prises et qui ne seront pas toujours dans l’intérêt des québécois. Tout dépendra des principes qui seront impliqués dans la décision. Par exemple, toute décision d’un parti fédéraliste qui mettrait en péril le maintien de la langue et de la culture française au Québec ne pourrait faire l’objet de compromis.
En conclusion, les québécois s’apprêtent à donner une leçon de démocratie à tous nos dirigeants politiques canadiens. C’est une très belle et une très bonne nouvelle pour les gouvernés que nous sommes. Nos dirigeants ne doivent jamais prendre nos votes pour acquis.
J'ai une seule peur cependant: en Ontario, je crains que dans certains comptés remportés par les libéraux, que plusieurs de ces votes aillent vers le NPD et que la conséquence soit le passage du candidat conservateur.
J'ai une seule peur cependant: en Ontario, je crains que dans certains comptés remportés par les libéraux, que plusieurs de ces votes aillent vers le NPD et que la conséquence soit le passage du candidat conservateur.
Note-pour ceux qui sont intéressés par la « performance » des gouvernements provinciaux NPD au Canada depuis 1940, j’ai trouvé ce papier de l’Université de Toronto qui fait un b onbilan de ces gouvernements. En passant, Il semblerait qu’historiquement, le NPD a le meilleur record pour diminuer les déficits, parce qu'entre autre, il a toujours fait l'objet de plus de surveillance et des critiques des milieux financiers.
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